(Seconde Partie)
Après une première partie pourtant déjà riche sur cette voiture, voici la suite, sans doute encore plus surprenante.
Exit le brancard, l'ambulance est ici en mode "pas d'alerte sanitaire".
Il y a un coffre sous le plancher, on reverra ce dispositif quand nous étudierons la commerciale.
Petite digression: cette trappe est d'ailleurs en fait l'avantage de la commerciale sur le break (sur le break, les strapontins en quinconce prennent cette place). Curieusement, cet atout n'est jamais mentionné dans les docs Citroën, et on y a l'impression qu'un break, c'est en fait une commerciale en mieux, avec deux strapontins en plus!
Le petit siège est celui de l'infirmière, l'autre est celui qui laisse sa place au brancard. On voit ici une belle illustration du vieillissement de la couleur du helanca gris au cours des années.
Les deux sièges se replient vers l'avant.
On aperçoit ici la fine bande de tissu bleu (Rhovyline) qui protège la peinture du haut de l'armature du dossier de la partie 2/3 quand elle se repliera.
une fois l'assise du siège côté brancard repliée, une patte avec un caoutchouc protège le précieux tissu helanca gris.
Le tapis de sol s'use donc jusqu'à la moelle à cet endroit.
On ne peut pas penser à tout.
... mais on peut corriger une erreur de jeunesse: un petit insert rectangulaire en plastique, comme sur le pédalier, sera installé à cet endroit sur les ambulances à partir d'un millésime ultérieur, 1967 à vérifier
Une vue d'ensemble nous montre que les panneaux de portes sont lisses, sans accoudoirs. C'est un point sur lequel je ne sais que penser. J'ai le sentiment que les premières ambulances étaient ainsi, et qu'à partir d'un certain millésime (à déterminer), les panneaux ont eu leur accoudoir.
Contrairement donc aux familiales qui gardent ce type de panneau lisse jusqu'à la fin de production en 1975.
C'est d'origine.
En effet, cette ambulance (en finition confort, comme toutes les ambulances), dispose donc d'une montre.
Mais l'emplacement naturel au tableau de bord d'ID est pris par une option installée de série sur ambulance: la température d'eau. D'où la migration de la montre, qui est celle qui était montée sur DS.
Une nouvelle fois, ceux qui consultent mon site en douce depuis leur bureau et qui ne voient pas les videos (bloquées par les pare-feu*) seront frustrés.
Car voici la video de l'ambulance 1962 qui fait Ding Ding!
*j'ai vérifié, c'est invariable
Le deuxième bouton, qui est en fait un bouton de clignotant des ID avant 1961, une fois tourné, clignote et sert à .... faire clignoter le macaron rouge sur le toit.
Et qui c'est qui va encore se dire "mais il faut vraiment que je mette internet au plus vite chez moi?".
Voici la video d'illustration ci-dessous (dont je reconnais qu'elle est moins impressionnante...).
Quant au troisième et dernier bouton, le gros noir, c'est celui d'urgence, celui d'intervention, la sirène quoi: c'est le mythique "pin-pon-pin" "pin-pon-pin" que nous avons tous fait étant jeunes avec de petites voitures. D'ailleurs, le son du "pin-pon-pin" évolue avec les millésimes mais celui-ci c'est le cri originel, guttural et ancestral de l'ID Ambulance, et en voici une dernière video.
Ne trouvez-vous pas que l'autre break bleu, à côté, semble écouter en souriant? "Allez, Gérard, arrête ton cirque!"
(scène tournée à Eurocitro 2009)
Plus extraordinaire, et que je ne connaissais pas, voici le chauffage -15 préhistorique.
Les plus assidus d'entre vous avaient déjà lu le dossier sur les options de chauffage.
Eh bien il ne parlait pas du chauffage pays froid et ambulance proposé jusqu'en Sept 1962.
Car je dois dire que c'est un truc qui restait pour moi un peu théorique.
Pour finir et récompenser ceux qui ont lu jusqu'au bout, voici l'histoire de cette voiture d'exception, racontée par Pierre, son heureux propriétaire.
L'histoire de cette ambulance est trés simple.
Elle a été achetée le 16 aôut 1962 par la société Eternit dont le siège est à Prouvy dans le Nord, à côté de Valenciennes. Sa première immatriculation était 1590 CQ 59. Sympa CQ pour une ambulance!
Cette ambulance a aussitôt été affectée à l'usine Eternit de Vitry-en-Charolais, à côté de Paray-le-Monial (71), d'où je suis originaire. Elle ne servait qu'aux exercices de secourisme, et de temps à autre à évacuer un travailleur blessé à l'hôpital de Paray (5kms). Mon papa travaillait chez Eternit, mais, pas spécialement fondu de voitures, ne m'en avait jamais parlé. C'est en 1984, alors que pendant mes études je devais faire un stage en entreprise, que j'ai découvert l'ambulance lors de la visite de l'usine. Le choc! Neuve, dans un garage chauffé, au sec, avec à peine 20000 kms au compteur, en compagnie d'un Citroen 23 à cabine semi-avancée dite "de Levallois" gréé en camion de pompier. Depuis cet instant, il était évident que cette superbe auto ne pouvait finir ailleurs qu'entre mes mains. Mon papa, dans la place, était désormais désigné pisteur officiel et nous pûmes (c'est toujours chic, je trouve, de placer un passé simple dans un récit) l'acquerir au tout début de 1993, quelques mois après que l'usine ait décidé de s'en séparer. Elle avait alors toujours son immatriculation en 59.
J'ai attendu un peu avant de la mettre à mon nom pour avoir les lettres VL qui allaient bien avec un tel véhicule de liaison. Mais la commission "informatique et liberté" allait frapper: les employées de la sous-préfecture venaient de se faire sermoner par la dite commission: plus de passe-droit pour avoir une immatriculation sur demande. C'est pour ça qu'en ayant trop gentiment demandé le 1962 VL 71, nous nous retrouvâmes avec un 1968 VL 71! Aaaargh! La faute à ces culs de la commission. Ces culs? CQ! Chouette, ça rappelle l'immat d'origine finalement.
La peinture est d'origine-à part quelques petites retouches d'époque-comme tout le reste de la voiture d'ailleurs. Pour la petite histoire, l'entreprise Eternit possèdait 3 ambulances ID: celle-ci, de loin la mieux conservée, une 1967, blanche tissus rouge immatriculée 3002 DY 59, sise à Prouvy que j'ai failli -car pas nickel - racheter en 1992, et une ID 20 de 1971, sise à Albi, entretenue alors chez Pezous (le Maurice-Emile des MEP), 7100 TJ 71 depuis 1989 lorque je l'achetai à 16600 kms! Elle en a plus de 75000 aujourd'hui et dort à côté de la 62.
Bref ,c'est une toute simple histoire que celle de cette ambulance.
Au retour de l'ICCCR d'Harrogate en 2012, nanti du carnet d'entretien, qui assurait une 10ème révision gratuite au véhicule, nous nous sommes arrêtés chez Citroën Valenciennes.
En souriant nous avons fait remarquer que les 9 premières cases n'étaient pas cochées, mais qu'on pouvait peut-être avoir quand même notre révision gratuite?
Tout ça pour nous entendre répondre : "Ah mais non, on ne fait plus ce genre de voiture, on n'a plus l'outillage, et on ne fait pas de révision gratuite." Compétence, accueil et humour semblent avoir déserté les lieux, triste époque, triste concession.
